Pourquoi le sol d’un vignoble est une pièce maitresse de la typicité d’un vin ?

A l’heure actuelle il y a une nette tendance à mettre en avant la spécificité d’un terroir pour décrire toute l’unicité d’un vin d’un millésime à un autre comme d’une parcelle ou région à une autre.

Mais le terroir c’est quoi ?

 Le terroir décrit dans son ensemble, l’environnement naturel du vignoble et ses nombreuses interactions. Il englobe donc non seulement le sol du vignoble d’origine, mais également l’interrelation complexe entre sol, topographie, climat et influence humaine ( p.ex. le type et le style de la vinification, le choix du cépage, le vigneron)

C’est un ensemble d’éléments qui se complètent et s’additionnent tout au long du processus de la vigne à la vinification.

 Nous allons nous focaliser sur le sol et en quoi sa composition peut amener à offrir des caractéristiques bien spécifiques lors de la vendange.

 Le sol et ses mystères

La formation d’un sol provient de l’altération par fragmentation de la roche-mère et son mélange avec la matière organique déposée en surface qui sera transformée en humus par couches homogènes appelées « horizons ». Le sol est donc la partie située entre l’atmosphère et le sous-sol constitué de la roche mère.

Le sol est nécessaire à la vigne car elle y puise les nutriments et l’eau qu’elle a besoin. Le pH du sol a aussi son importance. Il doit se situer entre 4.5 et 8.5 pour offrir le terreau idéal aux nutriments. Sans quoi des carences peuvent survenir et son lot de maladie comme la chlorose.

 Que sont les nutriments en fait ?

Et bien, les nutriments sont tout un ensemble d’éléments organiques ou inorganiques nécessaire à la vie de la plante, comme :

  • La matière organique
  • L’azote, issu de la dégradation de la matière organique et responsable de la matière verte de la vigne
  • Les minéraux comme le phosphate pour le développement des racines et la maturation des raisins, le potassium pour la production de la sève etc. Pour la petite histoire, les vers de terre sont responsables de la formation de complexes argilo humiques (le mélange argile et humus). Ceux-ci sont chargés négativement et vont attirer les minéraux (eux, chargés positivement). Les viticulteurs l’ont compris avec des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement.
  • Des oligoéléments comme le cuivre, zinc, manganèse, le fer etc. Le fer est très important pour la photosynthèse
  • Des acides

 Types de roches

Au-dessus de la roche mère, l’épaisseur du sol varie de quelques centimètres à plusieurs mètres. On peut trouver plusieurs types de roches dont la dégradation produira du sable, de l’argile ou des cailloux provenant de la roche mère ou de dépôts ultérieurs.

Ïl y a principalement 3 sortes de roches :

  • Magmatiques qui provient du magma. Le granite est une roche volcanique
  • Sédimentaires qui provient de la sédimentation de minéraux, matières organiques ou d’autres roches. Ceci peut avoir lieu à l’air libre, sous l’eau ou les glaces. Par exemple, l’argile, les marnes, le sable sont issus de cette catégorie
  • Métamorphiques qui provient de la pression exercée entre les roches magmatiques et sédimentaires. Par exemple, les schistes

 La topographie a aussi son influence sur la qualité finale du raisin si le vignoble se trouve en haut, en milieu ou en bas de pente. Les constituants de la roche-mère transformés, décomposés vont évoluer et se répartir différemment. A l’inverse, le sous-sol restera identique sur plusieurs hectares. Les appellations viticoles et leur classement tiennent compte de ces facteurs.

Les sols ne sont donc pas simplement homogènes. Leur paysage pédologique réel est une mosaïque de sols qui passent progressivement de l’un à l’autre. Ils sont sur des reliefs qui vont nuancer les expositions comme la circulation de l’eau en bas de pente et modifier le caractère interne de chaque sol. Chaque parcelle est ainsi unique par son assemblage naturel de produits.

Types de sols

Nous pouvons trouver ainsi différents types de sols plus ou moins fertiles :

  • Argilo-calcaire qui convient pour le merlot à Pomerol ou le trempanillo de la Rioja pour des vins ronds et sur le fruit
  • Argilo-graveleux, adapté pour le merlot ou le cabernet franc pour des vins puissants et élégants
  • Marno-calcaire pour le pinot noir ou chardonnay. Ce sont des vins avec du corps (marne) et de la finesse(calcaire)
  • Les sols crayeux (terres presque blanches avec de l’argile brune, poreuse et filtrante. L’eau est retenue dans les couches plus profondes de la terre) pour le chardonnay ou le chenin. On obtient des vins de grande finesse
  • Granitique pour la syrah de la vallée du Rhône, le viognier ou le pinotage en Afrique du Sud pour des vins expressifs et minéraux mais aussi fins
  • Les graves : riche en galet comme les terres de la rive gauche de la Garonne à l’origine des meilleurs crus de Médoc et de Graves. Ce sont des sols chauds et bien drainés donnant au vin de garde une finesse somptueuse.
  • Les sols schisteux comme dans la vallée du Rhône avec le grenache, syrah pour des vins de caractère, de la Moselle avec ses grands rieslings ou les portos de Douro.

Dans les grands vignobles dans le monde, les sols calcaires, argilo-calcaire, granitique et les graves sont les plus répandus.

 La vigne et son sol

Les vignes en meilleure santé se développent sur des sols profonds et fertiles permettant à ses racines de plonger à 3 ou 5m de profondeur voire plus pour y puiser l’eau et les éléments minéraux nécessaires. Leur maillage racinaire a donc son importance ainsi que l’accessibilité à l’eau qui influence sur la profondeur de leurs racines. Par exemple, sur des sols gravelo-sableux avec peu d’argile, la rétention d’eau est faible et les racines plongent jusqu’à 7 m. Cela leur permet de mieux résister à la sécheresse. Cependant, la nature du sol et sa granulométrie (cailloux, pierres de taille différente et d’humus) sont les points essentiels pour définir la nature des raisins produits. Toutefois il faudra veiller à la fertilité du sol. Celui-ci favorisera la croissance de la vigne avec un rendement élevé mais son fruit sera pauvre en caractère.

Ainsi, la qualité des raisins demande l’inverse. Des sols pauvres et peu profond pour une croissance moindre de la vigne et plus axé sur le raisin. Ces conditions stressantes induisent des baies plus fermes et équilibrées. Le vin produit est plus complexe avec des arômes soutenus.

En général, il est préférable d’éviter les sols très argileux, très caillouteux, peu drainés et très alcalins. L’alimentation en eau de la vigne joue aussi un rôle essentiel pour l’effet terroir. Ce n’est pas le seul élément, l’alimentation azotée et la température du sol interviennent aussi. Mais ce qui différencie les terroirs est la spécificité des facteurs qui régissent son alimentation en eau.

Dans l’idéal, la vigne a besoin d’eau au début de son cycle végétatif puis d’un léger stress hydrique lors de la véraison pour encourager la maturation des raisins. Si le sol est trop argileux, il va trop retenir l’eau au risque de faire pourrir les racines de la plante. Si le sol est trop sableux ou caillouteux, il faudra irriguer abondamment même dans une région à forte pluviométrie.

 Conclusion

Le sol a une influence sur l’aspect visuel (couleur des raisins) et le caractère des vins (arôme, puissance, finesse etc.) mais pas sur la qualité du vin. On notera que selon le type de sols, un même cépage dévoilera différentes notes gustatives. Le sol influera par ses caractéristiques sur la composition de la vendange (teneur en sucre, acidité, polyphénols, anthocyanes etc.) et modifiera de manière complexe le caractère du vin.

 Ainsi comme en toute chose, c’est l’équilibre entre les différents composants du sol qui permettra de maturer les raisins avec un maximum de potentiel qualitatif. Au maître de chai de l’exprimer par un vin surprenant en élégance et finesse mais unique par son millésime et son terroir.

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